Chemin de fer
On prend toujours un train pour quelque part, même si l'on a nulle part où aller. C'était le cas ce matin là. On ne peut se tromper lorsque l'on n'a pas de destination. J'attends, debout, en observant le paysage flou défiler. Je ne cherche rien, mis à part l'oubli et le bonheur qui ne peuvent pas être pris en compte. J'espère simplement. Je t'aime encore. Je nous revois dans cette gare de ferraille, aux poutres gigantesques et crasseuses qui angoissaient la foule. Il y a une heure, je respirais encore le parfum de tes cheveux en te serrant dans mes bras. Puis la vieille locomotive m'a rappelé à l'ordre en sifflant bruyamment, crachant un nuage de fumée noire. Je t'ai promis de revenir vite, t'ai embrassé et suis parti sans croiser tes yeux de peur de nous voir pleurer. Mes bagages étaient lourd. Ils le sont toujours. Et je ne sais pas quand je reviendrai. Dans ce train bondé de jeunes hommes comme moi, la plupart en guenilles et le cœur gros, je regarde mon bagage posé à côté de ce sac d'armes à feu et de poudre à canon. Fermant les yeux, apeuré comme un gosse, je prie pour être de retour bientôt et je pense encore à notre adieu, à cet amour plus brûlant que jamais que j'avais senti planer autour de nous.
Peut-être le bonheur n'existe-t-il que dans les gares ?
Sigryd
Photos ci dessus : Sigryd
<3
Gare, un lieu un peu pagaille
A l'arrivée des silhouettes
Reste a savoir si les retrouvailles
Egayeront les tristes têtes.
Felz'
«Le temps nous égare, le temps nous étreint.
Le temps nous est gare, le temps nous est train.»
Jacques Prévert